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Les terrains d’aventure : le temps de l’expérimentation

En s’inspirant des terrains d’aventure allemands, les CEMEA Pays de Loire remettent au goût du jour cette pratique pédagogique, en menant depuis deux ans des actions de recherches autour des pratiques d’aménagement extérieur ainsi que des échanges notamment avec la ville de Hambourg. Au printemps, nous organisons en Sarthe, dans le cadre d’un financement Grundtvig, une semaine de formation à laquelle participent une vingtaine d’animateurs européens. Cet été des espaces d’expérimentations sont mis en place en Loire-Atlantique : une semaine au Croisic, un mois à Chéméré, dans le cadre des accueils enfance-jeunesse. En septembre, le festival Birdfair de la LPO à Paimboeuf est l’occasion de présenter cette pratique et de la faire vivre dans un espace différent, plus proche des représentations, contraintes et opportunités d’un espace public.
Cette présentation lors du festival permet d’approfondir encore notre réflexion, par la pluralité des situations alors vécues : rencontre et réflexion avec les élus locaux sur les enjeux pédagogiques et urbanistiques de cet espace, accueil de deux groupes scolaires, dont une classe de maternelles, accueil et circulation des familles, accueil sur le site d’un animateur en situation de handicap visuel … Nous avons là matière à écrire nos pratiques et à analyser plus avant les enjeux des terrains d’aventures, d’autant plus que la dernière après-midi a permis de récolter de la parole, des écrits de la part des adultes fréquentant alors le site … Preuve s’il en est qu’un terrain d’aventure ne se limite pas à une juxtaposition de prouesses physiques ou techniques, mais est bien un espace de parole, où chacun, chacune peut prendre le temps de renouer avec l’autre …

Activité de plein air ou de pleine nature ? Non, ce n’est pas de l’accrobranche !

Le principe du terrain d’aventure tel que nous l’avons proposé est simple : c’est un village de jeux et de cabanes en construction permanente, qui va évoluer avec le temps, en fonction des besoins, des désirs, des nécessités aussi … Des animateurs vont faire vivre le projet en « l’alimentant » : approvisionnement en palettes, perches, cordes … , construction de quelques installations suscitantes : pont de singe, tyrolienne, un début de plate-forme … Ils seront en apport sur des techniques de constructions, le plus souvent quelques nœuds suffisant pour établir des assemblages temporaires. Ils peuvent accompagner dans le maniement des outils, pour scier une planche ou arracher un clou. Ils assurent une sécurité bienveillante à des constructions parfois hasardeuses, expressions à la fois d’une activité motrice joyeuse et d’une réflexion technique toujours en éveil.

Oser l’activité libre … ou comment s’autoriser à être le spécialiste de ses désirs ?

Le premier mouvement de surprise des personnes que nous avons pu accueillir était celui-ci : ici, on ne trouvera pas une prestation dans un parcours codifié. Ici, on ne va pas se contenter de se laisser porter … Notre place n’est pas définie, encadrée par un matériel, et par une équipe de « spécialistes » à qui l’on se remet plus ou moins. Les enfants et les adolescents se sont tout de suite projetés : jouer dans les installations de cordes était l’entrée la plus évidente, alors que l’ambition d’une cabane confrontait rapidement à un constat sévère : je ne sais pas faire de cabane. Est-ce que cela est surprenant ? La première réaction à laquelle il nous a fallu nous confronter était cette recherche sine qua non du « bien faire tout de suite », de la bonne réponse … avec le nœud qui va bien, la bonne technique d’emblée … Paradoxalement, alors que nous voulions permettre un espace de libre expérimentation aux enfants, aux jeunes, nous avons du constater que notre proposition séduisait mais ne se mettait pas en œuvre faute d’enfants « spécialistes » des cabanes. Au Croisic, c’est l’arrivée d’un groupe pratiquant la voile qui a fait démarrer pleinement l’activité …
cette dimension d’être acteur de l’espace s’est retrouvée aussi chez les parents. Après le « round d’observation », ceux-ci se sont rapidement pris au jeu. A Chéméré, nous sommes resté dans une forme « classique » de la participation : les parents ont fait marcher leur réseau pour alimenter le terrain en matériel. A Paimboeuf, nous avons été franchement dans un usage familial du site, avec des parents investissant les constructions : accompagnement de leurs enfants dans leurs projets de cabane, consolidation, amélioration d’un espace. Mais alors que dans les parcs publics où tacitement les agrès vont être momentanément à l’usage d’une famille, là, si les enfants circulent d’un projet à l’autre, ce n’est pas autant le cas pour les parents … qui eux peuvent rester acteurs d’un objet, par conséquent avec d’autres enfants. C’est il me semble une originalité du terrain d’aventure que de permettre à des adultes d’être pleinement adulte, responsable actif d’un espace où ils ne sont pourtant rien d’autres : ni bénévoles, ni simples usagers, les adultes présents peuvent s’investir activement dans la vie de l’espace, et par là investir pleinement leur rôle d’adulte de la communauté.

Alors osons l’activité libre. Dans le cadre par exemple de la réforme des rythmes, osons l’activité libre, une activité libre (ce qui ne signifie pas sans cadre) et donc une activité forcément éducative !

Stéphane Bertrand
s.bertrand cemea-pdll.org

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